Depuis Taïwan où nous sommes
maintenant, voici des nouvelles complémentaires sur notre séjour en Papouasie.
Jeudi 25 août, après une courte marche matinale, nous avons atteint le petit village d'Obia. Une dizaine de familles dans autant de huttes de branches et de palme.
Accueil par les hommes, nus sous leurs étuis péniens. Le corps recouvert de poudre blanche (du kaolin ou de la boue ?) pour certains, de motifs géométriques pour d'autres. Plumes de cassoars et d'oiseaux de paradis dans les cheveux. Lances au poing.
Un cri, comme une litanie, WA, WA, WA, pour nous souhaiter la bienvenue.
On nous simule une bataille, pour montrer leur bravoure. Le dernier vrai affrontement avec la tribu voisine remonte à 1977. Les uns tuaient les autres pour un cochon volé. Et vice-versa.
Il paraît, selon les anciens du hameau, que le meilleur morceau humain à manger reste la joue et la jambe.
Nous pénétrons dans le village en franchissant la porte d'enceinte.
Une dizaine de huttes autour de la place centrale. Les cochons vaquent à leurs occupations, le groin en l'air.
Sur le côté, la cuisine collective où se réunissent les femmes et leurs enfants. En face, la maison des femmes où elles passent la nuit, toutes regroupées au-dessus du feu. Au fond de place, la maison des hommes.
De nombreuses danses et chants ponctuent la fin de la matinée.
Puis présentation de chaque habitant. Un par un, serrages de mains à la chaîne.. WA, WA, WA de circonstances, cigarettes en cadeau.
D'une flèche dans le cœur, le chef du village, exécute un cochon qui n'avait rien demandé. Le feu se fait encore à la mode ancienne. Très ancienne... Avec de l'herbe sèche, 2 bouts de bois et une liane. Les femmes s'affairent à chauffer les pierres qui cuiront le cochon à l'étouffée, sous une montagne de légumes verts (comme des fougères) et patates douces.
2h plus tard, le chef partage les morceaux, les chiens rongeront les os.
On discute le bout de gras, on marchande sacs et colliers. Encore un tour de cigarettes pour remercier (le Papou fume plus qu'un escadron de pompiers, la papoue tout autant).
Le chef quitte ses plumes et file sur Facebook. Le Papou papote, quand il a de l'électricité et du réseau. Choses rares... surtout en même temps.
Dans l'après-midi, promenade dans les hameaux environnants. A la nuit tombée, tournée des popotes dans la maison des femmes, puis échanges constructifs (en indonésien) dans la maison des hommes, à la lueur d'une bougie.
Prendre 6 fois l'avion pour venir les voir, les dépasse. La France ne leur dit rien. Ils connaissent du Monde, leur forêt et leurs montagnes, leur pays, l'Indonésie, le Japon, la Chine, la Hollande, l'ex puissance coloniale, et les USA.
Toilette rapide à l'eau de la source. Le Papou, lui, ne se lave pas. Jamais. C'est assez efficace pour repousser les moustiques. Notre odorat, mis à mal, confirme.
Le ciel étoilé austral sera propice à une bonne, mais très fraîche nuit. Nous dormons dans des huttes à l'écart du village, sur de fins matelas à même le sol.
Réveil avec le soleil. Dans la matinée, nous passons remettre des fournitures scolaires à l'école du village. C'est vendredi, jour du nettoyage. Les gamins, armés de machettes grandes comme le bras, fauchent l'herbe de la semaine. 2/3 d'absents, restés aider leurs parents aux travaux des champs.
Échanges de chants Papous contre comptines bien de chez nous. Éclats de rires et photos en pagaille.
Dans l'après-midi, une dernière petite marche, dans le sud de la vallée. Le retour se fera au pas de charge sous une pluie diluvienne.
Nous terminons la journée au Baliem Valley Resort, hotel de luxe anachronique, situé au bout du bout d'une piste en piteux état, à plus d'une heure de route de Wamena. Un beau gâchis, dans un magnifique environnement. L'hôtel est vide. Nous en profitons pour admirer la magnifique collection de masques et boucliers des différentes tribus de Papouasie.
Retour à Wamena pour notre dernière nuit.
A suivre, notre séjour à Bali.